Intervention de Jean-Claude Gillet dans le cadre du colloque « Les minorités en Europe » – Marignana les 28 et 29 septembre 2018

 


 
Chères et chers amis, chères et chères camarades,

Je remercie les trois fratelli (pour ne pas dire les trois mousquetaires), incarnant tous les trois cette retraite montagnarde de 3 jours, avec Paul Ceccaldi, l’intendant de l’associuScopere, que je suis venu rencontrer en mai pour m’imprégner d’une histoire singulière et des images, odeurs et saveurs de ce territoire ; Christian Lazzeri, fondateur et chercheur au Sophiapolde l’université de Nanterre qui m’a débusqué lors d’une conférence sur la question des minorités nationales que j’animais dans le 11ème arrondissement parisien en mars de cette année. Et enfin mon camarade Jean-Louis Cardi. Nous nous connaissons depuis 1964. Je sortais du BN de l’UNEF et je devenais Secrétaire national des étudiants du PSU, il était au bureau de l’Association générale des étudiants de Caen dont il devint le Présidentet secrétaire de la section de Caen des étudiants du PSU. Nous nous sommes revus à de nombreuses occasions militantes.

Ils m’ont donc permis d’être parmi vous dans cette réelle université d’étéet je suis chargé de vous parler de la question que j’ai formulée de cette manière : « Quelle stratégie pour la gauche abertzale (patriotes basques) en Iparralde (Pays basque Nord), entre fidélité à une culture historique et projet vers un avenir politique ? Le cas du parti EH BAI (EuskalHerria Bai, Pays basque oui) ».

1° Qui parle ?

D’abord, en introduction, quelle est ma légitimité dans cette histoire ? Je ne suis pas un historien académique, même si j’ai été titulaire d’une unité d’enseignement d’histoire lors de mon DUEL (ancêtre du DEUG, ce dernier disparaissant à son tour en 2002 par le processus dit LMD), finissant, dans cette première étape de mon cursus, par une thèse en littérature contemporaine. Ensuite, en 1993, j’ai produit une thèse en sciences de l’éducation puisant largement dans l’histoire politique, notamment celles de l’éducation populaire et de l’animation socioculturelle.

C’est avant la fin de mon éméritat que je me suis plongé dans des approches historiques sur le PSU : il faut dire que je fus militant dans une de ses composantes de 1958 à 1960, puis au PSU jusqu’en 1980 : j’ai eu plusieurs responsabilités nationales jusqu’au Bureau National, dans la période de l’après-combat pour le départ de Michel Rocard en 1974.

Il m’a semblé évident dans cette retraiteactive qu’il était nécessaire de rétablir cette histoire oubliée, quand elle n’était pas carrément déformée. Le premier ouvrage, paru pour le cinquantenaire du PSU, fut suivi de cinq autres, dont un intitulé Le combat nationalitaire de la fédération corse du Parti Socialiste Unifié (1960 – 1990), publié aux Éditions Alain Piazzola en 2013, et un autre Le parti socialiste unifié, une étoile filante dans l’univers politique de la Catalogne du Nord (1960-1990)publié en 2014 aux Éditions Trabucaire. Il faut dire que j’ai été secrétaire de cette fédération et qu’en novembre 1973 j’ai proposé qu’elle devienne Fédération catalane. C’est à la fois par mes camarades catalans que j’ai été sensibilisé à l’histoire de ce peuple, par mes propres investigations depuis 1969, date de mon arrivée à Perpignan, et par ma participation au combat autogestionnaire et socialiste contre la colonisation capitaliste de ce pays.

En 2012, arrivé pour une retraite active à Bayonne, ville historiquement mi basque, mi gasconne (mais les deux mots ont la même origine), j’observais le territoire et ses acteurs, décidai de suivre de façon attentive et participante les élections municipales de 2014, m’intégrai en 2016de manière très active à EH BAI (EuskalHerria Bai, Pays Basque Oui).

Je suis donc militant de cette organisation, un peu le persan de Montesquieu dans la communauté basque, un peu le vieux sachem ayant appartenu au conseil d’une autre tribu et homme auquel est reconnue une expérience venue d’ailleurs. Je n’aspire à aucune fonction de pouvoir dans l’organisation, mais je n’en suis pas moins disert, faisant volontiers part de mes étonnements devant une culture qui m’est encore étrangère et d’une langue, l’euskara, que je ne maîtrise pas (mais soyez rassurés, en ma présence, tous ou quasiment parlentl’idiome « dominant », le français). C’est donc un chercheur-cherchant que vous avez devant vous et j’en découvre tous les jours sur cette histoire complexe de ce pays, l’Euskadi.

Bref, je suis donc dedans et dehors à la fois, acteur et contemplateur d’autant plus que je suis en train d’écrire un nouvel ouvrage, qui sera publié par les éditions basques Elkar, Le Parti Socialiste Unifié dans la lutte du Peuple Basque pour son émancipation nationale et sociale (1960-1990). Et là je suis dans un voyage extraordinaire dans le temps et dans l’espace, avec une distanciation double, triple même puisque, comme toute démarche scientifique, je travaille sur documents (30 ans de Tribune Socialiste, 30 ans d’Enbata, deux hebdomadaires, l’un du PSU, l’autre du mouvement du même nom). En même temps ma décision d’accepter cette invitation à présenter une communication n’a fait l’objet de ma part d’aucune consultation, juste une information pour la section locale d’EHBAI avant mon départ.

Pour finir sur la question de ma légitimité en la matière , je fais mienne ces propos de l’historien Mohamed Harbi, homme engagé s’il en fut et s’il en est encore : « Il y a nécessairement un aspect subjectif dans cette affaire. Mais cet aspect subjectif, ce n’est pas à moi à le découvrir. Cela incombe aux lecteurs mais aussi à mes collègues historiens. De toute manière, je travaille avec la méthode historique et donc je soumets tout ce que fais à la critique historique. Je peux affirmer que j’ai au moins un minimum de distance à l’égard de mon expérience propre. Seulement je ne suis pas garant de tout. J’ai mes rapports personnels avec les hommes. J’ai des côtés subjectifs, mais je pense que ce côté subjectif n’a pas réussi à prendre le dessus dans mon travail. En tous les cas, les lecteurs aviseront ».

2) Qu’est-ce qu’EHBAI ?

C’est l’instrument de l’unité des abertzale de gauche. Cette nécessité historique est mise en évidence dans le seul outil scientifique concernant la gauche abertzale, lancé par plusieurs composantes d’EHBAI. Il est réalisé par François Mimiague, sociologue à l’université Bordeaux, et Thomas Pierre, anthropologue : « Enquête : le projet abertzale de gauche en Iparralde », rapport de 40 pages, commandé par cinq tendances de la gauche abertzale [patriote] en Pays Basque Nord, remis le 31 janvier 2012, portant sur 1648 questionnaires exploités venant de personnes se déclarant abertzale.Il servira ici et là d’illustration des attentes des abertzale interrogés, mais sans laisser de traces visibles sans effort dans l’organisation à venir, EH BAI. Il reste vrai que les enjeux politiques et ceux de la recherche sont deux approches différentes de la réalité de terrain et de ses défis. Mais peut-être est-il plus vrai de dire que la mémoire de ce travail est déjà en partie perdue.En partie seulement, car ce ne fut pas le cas de la question de la lutte contre « les divisions du mouvement », nous le verrons :elleapparaissait alors comme le facteur le plus gênant dans la progression d’une entité politique reconnue.Un des enseignements de cette consultation large est en effet que la division en plusieurs organisationssemblait dépassée, les abertzale privilégiant l’existence d’un seul mouvement unifié. C’est ainsi qu’au lendemain des législatives de 2012, un processus participatif est lancé afin de définir l’organisation d’un mouvement commun, dépassant les seules élections (cantonales, municipales, législatives).

Le décor étant planté, passons maintenant aux acteurs et en particulier à une présentation de cette organisation qui s’appelle EHBAI en Iparralde. EuskalHerria Bai est une appellation qui apparaît pour la première fois en 2007 lors des élections législatives. C’est d’abord une coalition de trois partis:

  • AbertzaleenBatasuna (AB) ou Union des Patriotes, fondée en 1988. Le 12 septembre 1998 à Lizarra, divers mouvements sociaux, plusieurs syndicats et partis d’Hegoalde (Pays Basque sud) dont Herri-Batasuna, considéré par certains (en particulier l’État Espagnol) comme le bras politique de l’ETA et par nombre d’Abertzale (Patriotes basques) comme un mouvement clandestin frère dont ils étaient solidaires, ainsi que le parti AbertzaleenBatasuna en Iparralde (Pays Basque nord), signent une déclaration commune insistant notamment sur le droit à l’autodétermination pour EuskalHerria, pays basque nord et sud réunis. Le 2 octobre, cette déclaration était ratifiée à Garazi, et sera ainsi désormais appelée « Les accords de Lizarra-Garazi » (Garazi est le nom basque de Saint-Jean-Pied-de Port). En 2001, la majorité des membres de AbertzaleenBatasuna ont lancé un appel à l’arrêt de la lutte arméedans la lutte pour l’indépendance basque, après la rupture de la trêve par l’ETA en janvier 2000.Il y avait 155 militants d’A.B. présents ou représentés à l’A.G. de cette organisation en Iparralde en 2010 à Ustaritz.
  • EuskoAlkartasuna (EA) ou Solidarité basque, fondée en 1986. Dans un premier temps, le Parti nationaliste basque (centre droit) participe également aux discussions pour constituer la coalition EH BAI à venir. Il décide de quitter ses partenaires en raison de la rupture de la trêve d’ETA du 5 juin 2007. EA est une scission du PNV, de tendance centre gauche, et lors des élections européennes en 2009, EA soutient, tout comme AbertzaleenBatasuna (AB), la liste Europe Écologie.
  • Batasuna ou Unité.Batasuna naît en 2000 suite à la fin de la coalition Herri Batasuna en Pays Basque sud. C’est, avant tout, comme AB un parti indépendantiste, socialiste, féministe et écologiste, dans la mouvance de l’ETA. Son principal objectif fut la constitution d’un État socialiste basque, après avoir obtenu l’autodétermination et l’indépendance d’EuskalHerria (entité englobant les pays basques français et espagnols, ainsi que la Navarre). Ce parti est interdit en 2003 par l’État espagnol. L’ETA met elle-même fin, le 20 octobre 2011, à plus de 40 ans de lutte armée pour l’indépendance du Pays basque, sans pour autant déposer les armes, ni se dissoudre (cela se fera en février et mai 2018). 14 mois après la décision de l’ETA de mettre fin à la violence, Batasuna déclare, pour l’avenir, agir dans le cadre de la coalition EuskalHerria Bai. Elle disparaît en tant qu’organisation autonome en début 2013pour renaître, nous le verrons, sous une autre forme.

Les premiers principes fondateurs du programme politique d’EuskalHerria Bai sont les suivants :

  • reconnaissance et respect du Pays basque ;
  • reconnaissance de son droit à déterminer son avenir ;
  • création d’un cadre institutionnel propre pour le Pays basque français ;
  • reconnaissance du basque (ou euskara) comme langue co-officielle du territoire ;
  • élaboration et défense de politiques sociales de progrès ;
  • seules des méthodes démocratiques et politiques sont acceptables pour parvenir à ces objectifs.

Mais en février 2011, une nouvelle donne apparaît, car naît un nouveau parti indépendantiste de la gauche abertzale en Pays Basque sud : Sortu (créer, naître ou surgir selon les traducteurs) qui refuse la violence y compris celle de l’ETA, lequel, rappelons-le, abandonne pour sa part la lutte armée en octobre. On doit dire qu’en réalité Sortu est en quelque sorte, tel le phoenix, la suite de Batasuna, sans que cela fût dit officiellement, facilitant ainsi, le 20 juin 2012, la légalisation de Sortupar le Tribunal constitutionnel espagnol: iltient son premier congrès officiel en février 2013. Plusieurs militants du nord sont élus dans les instances de direction . Sortu se déclare indépendantiste, socialiste, internationaliste et anti-impérialiste et va apparaître en Pays Basque nord et se joindre, comme troisième nouvelle composante d’EuskalHerria Bai, rejoignant AB et EA dans le processus de coalition.Sortu est une organisation qui intègre exclusivement des militants et militantes ayant fait déjà leurs preuves dans le combat abertzale (79 votants au dernier congrès concernant le Pays Basque nord). Sortu pense, comme les deux autres organisations indépendantistes, que les échéances à venir, notamment les municipales en 2014, doivent être préparées de manière unitaire.

On voit bien dans les propos que je viens de tenir qu’il est difficile de séparer la vie politique abertzale entre le nord et le sud. D’ailleurs, les organisations autonomistes et indépendantes considèrent qu’il n’existe qu’un seul pays, le Pays Basque avec 4 provinces au sud (Vizcaya, Guipúzcoa, Álava, Navarra) et 3 trois au nord (Basse Navarre, Labourd, Soule), avec un total de 3.100.000 habitants (302.000 au nord, à peu de chose près comme la Corse).

Une autre preuve de l’intrication du nord et du sud a été et est encore la question des prisonniers politiques et des réfugiés au nord venus du Pays Basque sud, surtout qu’en 1984, sous le gouvernement Fabius, Mitterrand a décidé d’extrader des militants en les renvoyant au sud. Pour sa part, le gouvernement espagnol a eu plusieurs politiques successives avec des amnisties partielles excluant notamment les auteurs de crime de sang. Pendant des années les prisonniers politiques basques, membres du collectif des prisonniers proche de l’ETA,ont refusé toute négociation individuelle avec l’État espagnol. Il faut dire que cela donnait du poids à l’organisation qui pouvait ainsi revendiquer son droit à contrôler toute négociation éventuelle avec l’État espagnol. En 1986,MaríDolores González Katarain, alias Yoyes, ancienne membre en 1978 du comité exécutif de la branche militaire de l’ETA, est arrêtée par la police française. En 1980 elle avait quitté l’ETA et s’exilait au Mexique. Elle négocie son retour en 1985 et le gouvernement en profite pour faire sa propagande sur le fait que la réinsertion individuelle, ça marche. Yoyes est accusée de trahison par l’ETA et elle est abattue le 10 septembre 1986 dans sa localité natale d’Ordizia devant son fils de trois ans. Cet événement va provoquer un choc politique qui va entraîner des dissensions au sein de l’ETA,mais sans une révision ni de la pratique d’ETA concernant le contrôle sur le sort des prisonniers politiques, ni sur le processus stratégique d’abandon de la violence armée pour aboutir à l’indépendance : ETA s’engage même à l’époque dans la tactique des voitures piégées, puis une dizaine d’années plus tard dans les attentats contre des élus ou des journalistes.

Le 22 décembre 2014, EHBAI tiendra sa première assemblée générale, équivalent d’un congrès, à Ustaritz avec sa nouvelle composante . Mais qu’en est-il des anciennes organisations ? Elles continuent à vivre de façon plus ou moins autonome à l’intérieur d’EHBAI, sous des formes qui pourraient être désignées sous l’appellation courant, sensibilité, tendance, voire fraction selon les enjeux du moment. Avant la dernière Assemblée générale d’EHBAI de cette année, le débat a eu lieu sur la disparition complète des anciennes organisations, mais Sortu n’est pas prête à faire le pas, car elle peut continuer à affirmer sa distinction de parti le plus radical avec les avantages que lui donne son intégration dans l’organisation politique du Pays Basque sud la plus représentative lui offrant une assiseidéologique, matérielle, voire financière non négligeable, avec des permanents qui agissent des deux côtés de la frontière. Certaines des composantes d’EH BAI (AbertzaleenBata¬suna, Sortu, EuskoAlkartasuna) apparaissent encorede façon autonome comme signataires de la charte de plusieurs collectifs aux côtés d’EH BAI. Ne faudrait-il pas que la grande majorité des adhérents actuels d’EH BAI, qui n’est jamais passée par une des organisations fondatrices, puisse s’exprimer à ce sujet, faisant pression dans les sections locales sur la direction, pour accélérer le processus d’autonomie dans l’organisation et ne pas continuer à demeurer dépendante du bon vouloir des familles anciennes qui appartiennent au passé.

Cette situation n’est pas sans me rappeler, toutes proportions gardées, le débat intervenu ici, en Corse, à propos des anciennes organisations constitutives de Femu a Corsica et de la nature de leur intégration dans cette nouvelle structure politique : parfois l’on sent une certaine tension. Max Simeoni n’écrivait-il dans un numéro de mai 2018 dans Arritiun article intitulé « Sortons de notre mélasse de factions autonomistes ». Puis Gilles Simeoni en juillet qui déclare dans la même quête à propos de Femu a Corsica : « … nous avons déjà convenu tous ensemble qu’il devait être à la fois un parti de gouvernement …, et un parti de militants, adossé à un regroupement clair et démocratique, présent sur tous les terrains de lutte et d’action ».Moi qui ai vécu la fusion de trois organisations au sein du PSU en 1960, il nous aura fallu presque 5 ans pour que les conflits internes commencent à se stabiliser de façon relativement satisfaisante, après le départ des opposants les plus irréductibles à la ligne politique de l’après-guerre d’Algérie, conflit qui avait masquécertains débats stratégiques, derrière une unité nécessaire compte-tenu de l’enjeu principal, celui de la lutte anti-coloniale et de l’indépendance de l’Algérie.

Une nouvelle ère électorale

Elle débute donc avec les premiers résultats électoraux de la coalition EHBAI. Ils sont étiquetés « régionalistes » par le ministère de l’Intérieur.

Législatives 2007 : la partie basque des Pyrénées Atlantiques est constituée de deux circonscriptions et d’un morceau d’une troisième. EH BAI réalise un score moyen de 8,7%.
Élections cantonales de mars 2008. Au total les candidats EHBAIobtiennent13,75 % des suffrages. Dans un canton, l’un d’entre eux est élu conseiller général dès le premier tour.

Élections cantonales de mars 2011 (rappelons que ce ne sont pas les mêmes cantons). Les trois partis membres de la coalition EuskalHerria Bai ont décidé de reconduire leur accord pour présenter des candidats communs sur les dix cantons du Pays Basque français. Ils obtiennent 12,5% des suffrages en moyenne.

Élections législatives de juin 2012. Les candidats de la coalition EuskalHerria Bai recueillent, en Pays Basque français, 9,62% des suffrages.

Élections départementales de mars 2015. Les candidats d’EuskalHerria Bai recueillent, dans les douze nouveaux cantons de la partie basque des Pyrénées-Atlantiques, 16,09 % des suffrages exprimés. Cinq binômes abertzale sont qualifiés pour le second tour. Lors de ce second tour, le conseiller sortant Alain Iriart, d’EH Bai, est réélu avec 74,61 % des suffrages exprimés (face à un candidat du Front national).

Élections législatives de juin 2017. Les candidats de la coalition EuskalHerria Bai recueillent, dans les deux circonscriptions basques, plus la partie basque de la 3ème, 12 665 voix, soit 10, 42% (il faut mentionner que le Parti nationaliste basque, plutôt centriste de type démocrate-chrétien, équivalent du PNV d’Hegoalde en Iparralde, a réalisé moins de 2%).Il faut modérer ces bons résultats par des suffrages en stagnation dans des villes type Anglet, Bayonne, Biarritz et une insuffisance vraisemblable parmi les couches populaires. Rappelons que l’alliance « Pè a Corsica » a totalisé 30 % des suffrages exprimés au premier tour, qu’en Bretagne la plateforme « Oui la Bretagne » a obtenu en moyenne 2 % des suffrages exprimés, que le scrutin n’a guère été plus favorable à la plateforme « Oui au Pays catalan » (3 %), au Parti occitan (2 %), au Parti des mosellans (1 %), ainsi que pour l’unique représentante du Mouvement Région Savoie-Initiatives Démocratiques Savoie (moins de 1 %). Les résultats ont en revanche été plus favorables pour Unser Land en Alsace (7 %). En résumé, EHBAI est donc le mouvement qui électoralement fait les meilleurs résultats après ceux obtenus en Corse par le mouvement nationaliste.

Le commentaire deMédiabask , suite à la conférence des trois candidats rappelle qu’« avec 12 665 voix obtenues au premier tour des législatives, « l’option EH Bai est en train de s’ancrer dans le territoire » », reprenant ainsi la déclaration d’Anita Lopepe,une des candidat(e)s. La progression du mouvement EH BAI dans les circonscriptions qui concernent le Pays Basque est indéniable. Avec 10,4% des suffrages exprimés, « on est la troisième force politique », souligne-t-elle. Mais surtout, « nous sommes la première force de gauche au Pays Basque Nord ». Mais l’ordre du jour n’est pas pour autant à « la recomposition de la gauche » pour Anita Lopepe. Même s’il y a des luttes sociales qu’EH Bai mène main dans la main avec d’autres forces politiques de gauche…

La vie militante

Il est vrai que depuis deux ans les fronts de lutte ou les événements politiques, sociaux et culturels n’ont pas manqué. Il faut ajouter que toutes les mobilisations ou actions citées ici ne sont pas à mettre dans certains secteurs au seul compte d’EH BAI : c’est le mouvement abertzale en général qui est concerné, dans lequel EH BAI est immergé, voire dans plusieurs cas des militants connus ou moins connus d’EH BAI, actuels, récents ou plus anciens. En voici quelques-unes sans aucun classement d’importance, de chronologie ou de priorité, ni exhaustivité :

  • L’AberriEguna, fête de la patrie , qui a lieu fin mars-début avril chaque année. En 2018 elle eut lieu à Garazi (Saint-Jean-Pied-de-Port), organisée par des membres des mouvements EH BAI et Aitzina (mouvement de jeunes). En 2017, l’AberriEguna eut lieu à Ustaritz.
  • Une journée d’échanges et de débats sur Mai 68 avec une présentation générale introductive par votre serviteur et une conclusion par Christian Aguitton d’Attac, avec entre ces deux temps des témoignages de militants basques de cette époque et d’autres de jeunes militants d’aujourd’hui.
  • Plusieurs rassemblements, des États-généraux, des manifestations(dont une dans la gare de Bayonnepour le soutien avec les migrants), ont vu la participation d’EH BAI, étant membre du Collectif de solidarité avec les migrants, Etorkinekin (Avec les immigrés).
  • Le combat contre la loi travail et les ordonnances l’accompagnant en 2017 dans le cadre du Front social composé de Aitzina, Amis de Karl Marx, CGT Territoriaux Biarritz, EELV, EH BAI, Ensemble, IndarBeltza (collectif libertaire), NPA Pays Basque, LAB, Solidaires.
  • Le soutien aux grèves des cheminots en lutte contre la régression sociale et la casse d’un outil de service public.
  • Le travail de nombreux militants d’EHBAI (aux côtés de beaucoup d’autres au Sud ou venus de l’étranger), non visible mais bien réel, sur la résolution du conflit.Le collectif civil fédérateur de l’ensemble des actions en ce domaine s’appelle BakeBidea (Le chemin de la paix). Rappelons les grandes dates de ce processus : journée du désarmement le 8 avril 2017 et annonce par l’ETA de sa dissolution le 3 mai 2018 : EH BAI déclare notamment : « Nous revendiquons le vivre ensemble démocratique, par lequel toutes les options politiques, y compris celle de l’indépendance, puissent être librement envisagées ». Voilà la façon « de construire une paix juste et durable au Pays Basque » .
  • Un soutien sans faille aux prisonniers politiques des deux côtés de la frontière au sein du collectif Bagoaz et la demande du retour à domicile des prisonniers et réfugiés politiques basques (manifestation diverses, jeûne de 15 jours mis en place par des organisations de jeunesse, Aitzina, EHZet EuskaldunGazteria), sans oublier le travail historique du CDDHPB, Comité pour la Défense des Droits de l’Homme en Pays Basque .
  • Sensibilisation et action sur le logement social, la taxation des résidences secondaires, la maîtrise de l’urbanisme et du foncier.
  • Le refus du projet d’exploitation minière de la société Sumine à Itxassou pour la recherche d’or. Cette société a réussi à monter contre elle non seulement les populations avec les risques de pollution des nappes phréatiques, mais aussi et surtout les paysans basques sur la zone AOP du piment d’Espelette, de l’AOP du fromage de brebis Ossau-Iratyet de l’association des producteurs (Xapata) de la cerise d’Itxassou. Dans le même ordre d’idée, une bataille se mène contre le projet de développement du petit train de la Rhune, alarmant pour l’environnement.
  • La présence abertzale au G7. Le prochain G 7 aura lieu à Biarritz fin août 2019. Dès fin juin EH BAI a publié un communiqué et a invité un certain nombre d’acteurs du Pays Basque nord à une première réunion pour envisager une plateforme à l’échelle du Pays Basque nord et sud et commencer à réfléchir aux initiatives qui pourront être prises à l’occasion du G 7, élargie ensuite aux organisations du Pays Basque sud et aux organisations françaises (Attac France a été averti de cette démarche) .
  • La présence dans la lutte pour les droits des femmes et contre les violences faites aux femmes avec le planning familial, le Collectif des Femmes en Pays Basque (EuskalHerrikoEmazteenKolektiboa) et le Collectif féministe contre les violences sexistes ; et aussi pour les droits des LGTB avec l’association Los Bascos.
  • la lutte contre le projet pharaonique et antiécologique d’un développement aberrant des infrastructures touristiques autour du petit train de la Rhune.
  • La lutte menée par Bizi, pleinement dans la mouvance altermondialiste internationale et dont l’action s’inscrit dans le combat pour la diversité culturelle, contre la mise à mal de la planète et ses grands équilibres, ainsi que d’une partie importante du monde vivant. Il faut mentionner aussi Alternatiba agissant contre le dérèglement climatique et ses conséquences sociales et humaines, en proposant en même temps des solutions pertinentes vers la transition énergétique. La prochain village Alternatiba aura lieu les 6 et 7 octobre à Bayonne.
  • La solidarité avec le peuple catalan en lutte pour son indépendance (plusieurs manifestations et débat).
  • Le combat pour la reconnaissance de l’euskara et son enseignement dans le système éducatif. Seaska est l’association qui fédère les ikastolas, écoles permettant aux enfants d’acquérir la maîtrise des deux langues, française et basque. N’oublions pas non plus l’Institut culturel basque, organisme public ayant 150 associations comme partenaires.

L’univers abertzale est donc constitué d’un ensemble de réseaux d’associations dans tous les champs sociaux, économiques, culturels, écologiques. Citons aussi dans le champ agricole Euskal Herriko Laborantza Ganbara, association de développement agricole et rural, ayant pour objet de contribuer au développement d’une agriculture paysanne et durable ; Euskal Herriko Laborarien Batasuna qui est la Confédération paysanne du Pays Basque ; dans le champ économique l’association EuskalMonetaà l’origine de la monnaie appelée l’eusko pour faire ses achats dans un réseau de professionnels engagés pour l’environnement, l’euskara et l’emploi local et pour générer des prêts solidaires pour des entreprises et des associations du réseau Eusko ; dans le champ des entreprises le syndicat des salariés LAB (LangileAbertzaleenBatzordeak, en français Commissions ouvrières nationalistes : ce syndicat ne séparant pas lutte pour l’émancipation sociale et émancipation nationale est né en Pays Basque sud).

Mais, après cette description, se pose la nature des liens entre tous ces mouvements de masse et EH BAI, qui s’intitule lui aussi « mouvement », dans certains textes, alors qu’il se présente aux élections ce qui, de ce point de vue,en fait juridiquement un parti comme les autres. ll faut aller voir les statuts pour lire : « L’adhésion à EHBAI est exclusive de toute autre adhésion à un autre parti politique ». Mais alors qu’est-ce que signifient les implications du vocable « parti », et en particulier quelles conséquences stratégiques ? Que choisir entre parti social-démocrate abertzale, parti révolutionnaire abertzale et internationaliste, avec toutes les nuances intermédiaires ? Comment arriver à une fédération respectant à la fois autonomie et rassemblement de cet ensemble parfois hétéroclite de mouvements où les enjeux de pouvoir entre organisations ou entre personnalités abertzale ne sont pas sans conséquences sur les contenus et les moyens de l’unité ? Déjà lors de l’AG de 2015, EH BAI affirmait la nécessité de « nous rassembler avec l’ensemble des forces et mouvements politiques abertzale existant dans l’État français » : mais comment faire ?Comment faire société dans « l’unité du multiple » dans un projet combinant intelligence individuelle et puissance collective au service des écartés de l’avoir, du savoir et du pouvoir ? Comment passer des mouvements sociaux à un mouvement politique de masse ?

Comment construire une perspective de transformation sociale, en refusant tout à la fois de se considérer comme une simple avant-garde coupée des masses ou comme un parti traditionnel de la conquête du pouvoir par la seule magie des urnes ? Ne faut-il pas garder à l’esprit comme le suggère Alain Badiou dans un entretien à Politis du 25 juin 2009 que « … le problème politique central est bien celui de l’organisation, capable de mener des diagonales en direction des différents groupes dans la société et donc de surmonter la segmentation. L’organisation est une question redoutable, dont l’histoire est longue et complexe ». Bref comment aborder ce difficile cheminement de la pensée et de l’action dans l’organisation politique ?

Comment mettre en tension permanente et circulaire théorie et pratique, par la recherche d’un savoir qui soit cohérent avec les transformations souhaitées donnant un sens participatif à des connaissances partagées et coproduites avec les mouvements en lutte issus des populations impliquées dans la démarche ? Que peuvent apporter les perspectives autogestionnaires, participatives et délibératives à cette problématique ? Comment constituer cet « intellectuel collectif » (dont parle A. Gramsci et qui rassemble en un même mouvement histoire, philosophie et politique) amené à prendre des décisions multiples pour construire un modèle d’action politico-pédagogique qui intègre pensée et action, valeurs et intentions, sens et efficacité, en lien avec des projets, avec et aux côtés des classes populaires concernées par cette action collective.

Cette question de la position de l’organisation n’est pas évitable. L’action, la praxis, le sens de l’action, la nécessité de stratégies pertinentes, voilà les balises qui l’encadrent. Et, à cet égard, le parti est-il la forme unique, voire obligée du changement de société ? Refuser tant la démarche du parti-guide que celle de la « politique du chien crevé au fil de l’eau », selon l’expression consacrant l’absence d’initiative autonome, c’est dans cette double négation que peut surgir une théorie de la transformation sociale, dans la mise en tension des rôles respectifs et complémentaires, tout en demeurant conflictuel, des masses en mouvement et des multiples formes d’organisation possibles pour l’élaboration d’une intelligence collective. Pendant ce cinquantenaire de Mai 68, les propos de Jacques Rancière incitent à cette démarche réflexive : « Mai 68 a été pour moi un révélateur : ces mouvements que Louis Althusser qualifiait d’idéologiques s’en prenaient à l’édifice du savoir bourgeois et avaient en fait une vraie capacité de mobilisation des masses et de subversion de l’ordre social » .

Ce parti (faute pour le moment d’une autre notion) devrait respecter le développement de cette conscience autonome par l’expérience réfléchie et le discours spécifique d’un parti qui ne peut ni être réduit au rôle de simple reflet de la pensée et de l’action des masses, ni être pensé comme celui de simple capteur à son bénéfice des mouvements sociaux. L’organisation doit être à la fois lucide, critique, attentive, complice et modeste en même temps autour de l’innovation sociale, culturelle, politique en construction d’une utopie marchante : cela fait beaucoup d’exigence en matière de vertu citoyenne. Mais par quelle autre voie surmonter l’hétérogénéité et la fragmentation ?

Mais cela ne suffira pas : beaucoup (Lucien Sève, Jacques Rancière, Alain Badiou) pensent aujourd’hui que la forme-parti doit être dépassée, devenue inadéquate, car contrainte dans son fonctionnement à limiter ses espérances et son combat aux figures électorales. La proposition mérite débat. Toujours est-il qu’il est nécessaire de réintroduire le projet d’une transformation sociale, qui réinvente sous des formes nouvelles une approche autogestionnaire facilitant la rencontre localement et nationalement entre expérimentation et innovation sociale, luttes syndicales, éducation populaire dans ses aspects instituants, vie associative et coopérative. Tout parti qui se pense révolutionnaire et socialiste doit abandonner sa prétention à vouloir couvrir l’ensemble de la société, à la comprendre, à la diriger, à la synthétiser. Bien sûr, le parti constitue un élément du débat critique, mais une réelle vision de la société à venir passe par d’autres exigences, celles de l’autonomie par exemple, que les combats démocratiques récents dans le monde ont signifié avec force. Alors la politique sera plus facilement crédible dans une démocratie perpétuellement à construire et à élargir, perçue enfin comme l’enjeu principal du temps.

Ce thème est d’autant plus difficile à traiter pour EH BAI que l’enquête Mimiague révèle que 63% des interrogés disent qu’ils n’adhèreront pas à « un parti/mouvement abertzale ». Alors, que faire ?

La vie organisationnelle

L’Assemblée générale de 2018 s’est tenueà Hasparren (une sorte de séminaire a eu lieu en septembre 2017 dans le même lieu) en présence de 115 participants (avec 32 procurations) . L’AG considère désormais que l’adhésion peut être locale (10 groupes locaux, dont certains sont en demi-sommeil), mais elle peut se faire aussi à travers la présence à diverses commissions transversales (projet de société, logement , institutions, etc.) , qui ne sont pas sans me rappeler le principe des Fronts de lutte de l’ETA. Mais aucune commission jeunes, ouvrière ou agricole comme cela est habituellement le cas dans la tradition socialiste. Une modification a introduit l’élection de la Direction pour quatre ans, renouvelable une fois. Une autre a prévu une réunion commune direction et coordination (composée d’un représentant par groupe local, tous élus en Assemblée Générale ) au minimum 3 fois dans l’année (en 2014 il était écrit dans le texte de l’AG : « Le groupe local est le principal lieu pour participer aux débats, actions, réflexions ». Et en 2015 : « EH BAI se veut un mouvement basé sur les militants locaux ». Il est donc intervenu un changement pour les uns, une évolution pour les autres). Il existe en outre 4 commissions organiques représentées à la direction, avec chacune un ou uneélu(e) à l’AG : communication, mandataires financiers, formation et enfin élections et institutions.

Avec le titre « EH BAI se restructure en vue des municipales », Mediabask, le 12 février 2018, rend compte, sous la plume deBénédicte Saint-André de l’état de l’organisation décrite par un de ses permanents : « EH Bai compte 500 adhérents [en 2017, mais il en a perdu de façon significative depuis 2016], 150 élus municipaux (« proches ou encartés »), 34 conseillers communautaires au sein de la Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) (sur 233 conseillers au total. Ánoter 14 socialistes, 2 Verts et 0 France Insoumise !), dont quatre au conseil exécutif (sur 15 élus) ». Il faut ajouter un réseau et un fichier de 1500 adresses de personnes qui se sont intéressées ou sont impliquées dans le mouvement abertzale proche d’EHBAI. On peut remarquer que le rapport du mouvement à ses élus est quasi nul : aucune rencontre politique entre l’instance de direction (Zuzendaritza)et les élus, et même pas de réunions régulières entre élus depuis le printemps, à l’inverse des mois antérieurs. Attacher de l’importance aux élections et négliger le lien de la part d’une direction politique attentive aux interventions réalisées et aux décisions prises par ses élus représentant l’organisation est-il le signe d’une négligence ou (et) de l’autonomie de fait des édiles ? Dans les deux cas l’organisation dysfonctionnerait profondément.

La journaliste ajoute : « La gauche abertzale souhaite aller plus loin et se prépare d’ores et déjà aux municipales de 2020 ». Commentaire du représentant d’EH BAI : « L’échelon municipal est un échelon sur lequel nous sommes historiquement présents et auquel nous sommes très attachés… La nouvelle direction (…) aura donc pour mission première de s’atteler à la préparation de cette échéance » déclare le permanent présent à la conférence de presse… Nous avons maintenu nos résultats dans un contexte politique tourmenté et sommes devenus la première force de gauche ». EH Bai se dit également conscient de ses lacunes. »Il nous faut changer de logiciel, prendre acte du nouveau cycle qui s’ouvre avec le désarmement d’ETA et la première institution pour le Pays Basque Nord ». Le mouvement veut ainsipoursuivre sa revendication en faveur d’une collectivité territoriale à statut particulier.

Il est vrai que la revendication d’un département basque existe depuis les années soixante (avec Enbata notamment). Mais l’État s’y est toujours refusé : la solutionde compromis a été la Communauté d’Agglomération Pays Basque née le 1er janvier 2017 de la fusion des 10 intercommunalités du territoireconcernant donc les 158 communes du Pays Basque.Mais cela faisait 15 ans que 70 organisations (partis politiques, syndicats, associations sportives, cultuelles et socioculturelles, locales, etc., regroupés dans Batera, signifiant en français Ensemble) avaient signé une Charte demandant la prise en considération de laco-officialisation de l’euskara, une Collectivité Territoriale Pays Basque, une chambre d’agriculture du Pays Basque, une université de plein exercice. La collectivité dite »Pays Basque » a donc abouti.

Au fond, la position d’EH BAI et des abertzale en général reviendrait à une stratégie analogue à celle du cheval de Troie ou à celle dite des dominos: elle consisterait à réclamer de plus en plus d’autonomie avec des compétences élargies, de manière à devenir une communauté avec une assemblée regroupant les compétences des départements et des régions comme en Corse, pour, dans une deuxième étape, demander la reconnaissance d’une entité territoriale basque exigeant ainsi à terme un statut juridique d’autonomie, voire l’indépendance. Á cet égard le texte voté en AG est clair : « Cette création nous l’entendons comme un pas en avant vers la construction d’EuskalHerria… notre objectif est d’obtenir une Collectivité territoriale à statut particulier… En rappelant que l’objectif d’EH BAI est l’indépendance et donc que nous devons réfléchir et faire des pas en ce sens ».

« En ce sens » s’explique d’évidence par les phrases qui suivent : « Les élections municipales et communautaires de 2020 constituent notre priorité absolue. Cela signifie que nous devons définir notre stratégie au plus vite ». Le projet rappelle aussi la recherche du « bien vivre ensemble » pour les habitants du Pays Basque . Je n’ai pas le temps ici de mettre à bas cette expression qui n’est pas un concept mais une notion molle (telle les montres de Dali), proche de JJ Rousseau, « pour qui il importe donc, pour avoir bien l’énoncé de la volonté générale, qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’État, et que chaque citoyen n’opine que d’après lui » (Du Contrat social, II,III).Au fond, cette expression ne résulte-t-elle pas d’une nostalgie de communion entre les individus, de l’illusion de leur harmonie universelle, d’une croyance fictive en la vertu de l’union, en l’espérance chimérique d’un dépérissement des conflits. Alain Duhamel a écrit un jour dans Libération : « La République, c’est l’unité ; la démocratie, c’est la différence » . Les abertzale de gauche seraient-ils devenus plus républicains que démocrates ? Peuvent-ils se satisfaire d’une pensée dont la démarche stratégique et conceptuelle à la fois est peut-être difficilement perceptible à nombre de militants de la nébuleuse abertzale, et pas seulement aux yeux de certains des membre d’EH BAI ?

Le débat politique et idéologique

C’est la partie la plus fragile du mouvement.

Une remarque de forme d’abord : le texte voté en AG en 2018 contient 15 verbes performatifs en 5 pages : « nous devons, EH BAI doit, il faudra », comme si la volonté, certes indispensable, tenait à ce point un rôle majeur dans l’évolution des événements au détriment de la finesse des analyses, de l’opportunité des stratégies, de l’intelligence de la praxis politique, cette tension dialectique entre théorie et pratique, véritable démarche porteuse d’avenir. Autrement dit, beaucoup de questions ou problèmes, mais bien peu de réelles problématiques élaborées, peu de débats en général (vote d’un amendement pour l’indépendance sans aucun échange, alors que 83% des réponses à l’enquête précitée signifiait qu’ils étaient d’accord et plutôt d’accord avec le « statut d’autonomie, première étape de l’émancipation »), beaucoup de centration sur des questions d’organisation sur 8 pages, avec une AG souveraine qui dure une matinée à peine avec 120 présents entassés dans une petite salle (sur 500 adhérents déclarés ce qui représente un faible taux de preneurs de décision en démocratie directe, même si par ailleurs dans les différents groupes locaux environ 250 ont exprimé leur position) et qui est une boite d’enregistrement de votes successifs.

L’axe premier déjà présenté peut être résumé par ces quelques lignes du texte issu de l’AG de 2018 : « Le projet défendu par EH BAI fait son chemin…, les résultats électoraux en constante hausse sont là pour le démontrer. C’est le signe que les abertzale de gauche poursuivent leur engagement dans leurs communes et dans leurs luttes sectorielles. De ce fait on peut considérer que les fondations de notre mouvement sont solides ». Mais, second axe essentiel, la clé du système EH BAI, c’est que « pour répondre aux nouveaux enjeux dictés par cette nouvelle phase politique, nous devons améliorer le fonctionnement d’EH BAI et l’adapter à cette nouvelle phase politique… nous avons besoin de plus de méthode et de rigueur au jour le jour ». Une solution marquante consiste à faire passer le nombre de permanents de 1 à 4, sans d’ailleurs que leur financement soit encore assuré. Ajoutons queces permanents sont choisis par la direction (laquelle est composée des 4 responsables de commissions organiques du mouvement, de 2 porte-parole, des 8 responsables des commissions thématiques du mouvement, des 3 représentants des 3 partis fondateurs, soit un total de 15 membres) et deviennent uniquement techniques dans un simple rapport salarial (tout au moins sur le plan des principes, car leur influence n’est pas nulle. On le saura à la faveur justement de la réponse à la question, qui paye ?L’organisation ou une fraction de l’organisation ?)

Mais la question politique de l’attention portée aux élections demande plus de clarification de la partd’EH BAI. Les progressions manifestes du parti depuis les élections multiples encouragent, avec une certaine légitimité, un investissement militant à la hauteur des enjeux électoraux qui se présentent, permettant de prolonger cette progression en termes institutionnels par l’occupation de mandats électifs qui offriraient une plus grande crédibilité à l’organisation abertzale en Iparralde. C’est ainsi que le groupe de Bayonne-Anglet a mis à son ordre du jour dès le 22 décembre 2017 le sujet des municipales.

Dans une première analyse, les municipalités constituent un élément essentiel de structuration du paysage politique du territoire basque avec un enjeu politique réel concernant la composition de la future CAPB: mais cet enjeu institutionnel doit être mis en perspective avec les enjeux politiques globaux, tels qu’ils s’inscrivent dans les textes votés en Assemblée générale depuis la création d’EH BAI, même si certains concepts utilisés n’ont pas toujours été suffisamment travaillés, tel que nous le verrons par la suite.

Les questions soulevées ici ne sont pas nouvelles, tant l’histoire du mouvement ouvrier et socialiste y a eu sa part depuis la fin du XIXèmesiècle, jusqu’aux débats au sein de l’ETA sur la dialectique entre socialisme et nationalisme : tous ont eu affaire aux élections municipales et au supposé « pouvoir municipal ». En effet les municipalités ont toujours constitué stratégiquement des positions essentielles pour certains partis de gauche en France jusqu’à devenir le fondement de leur insertion structurelle et spécifique dans le jeu politique , sortes de bases opérationnelles.

Des questions devraient donc être traitées par EH BAI politiquement et stratégiquement, pour irriguer sa réflexion sur le communalisme, c’est-à-dire la visée d’occupations institutionnelles au niveau municipal.

Toute une série se présente :
Avec une organisation encore hésitante, des forces militantes encore faibles et mal identifiées, une base sociale non encore revendiquée de manière évidente (la réponse « le peuple » dispenserait-elle d’une analyse des rapports sociaux ?), avec en même temps des élus déjà connus et aux ressources personnelles non négligeables, comment faire en sorte qu’EH BAI fasse respecter sa volonté de devenir une force politique remarquable tant dans ses propositions alternatives vers un Pays basque institutionnellement reconnu, intégrant, dans une stratégie sans naïveté,les élections municipales comme des leviers politiques puissants, mais pas déterminants (tant dans l’emploi, le logement, les aides sociales, les rétributions matérielles ou symboliques du militantisme, y compris financières) ? Comment éviter que le développement de l’implantation municipale apparaisse comme un puissant facteur de rayonnement du parti, avec une croyance qui accréditeraitque, de façon concomitante, le développement du parti passe aussi par les municipalités ?Comment ne pas tomber dans l’erreur du pragmatisme, comment éviter que la course aux élections ne domestique la vie politique de l’organisation devenant la domestique du débat électoral ? Comment mettre le pied dans ce type d’institution, voire à terme, si les circonstances devenaient favorables, prendre possession de l’institution sans se faire posséder par elle ?Comment la transformer, sans qu’en retour, elle transforme ceux qui s’y sont engagés et, par-delà les acteurs directs, le parti lui-même ?Comment intégrer une mairie ou plusieurs sans se faire désintégrer ?

Si je comprends bien les critiques portées par EH BAI au système, en particulier au niveau politique concernant la place des groupes de populations(et non seulement des élus) dans la décision à tous les niveaux de la vie locale et la remise en cause en général du système politique représentatif totalement dominant, comment tirer le meilleur profit et le meilleur usage politique de l’institution, comment en épuiser les possibilités, comment en détourner les raisons d’être et en subvertir les règles pour ne pas se faire dominer par elles, si ce n’est en ne considérant les élections que comme un instrument au côté de beaucoup d’autres, tels que la propagande, la formation, l’insertion des militants dans les luttes locales, la capacité explicative, de débat, de confrontation et d’influence dans les mouvements sociaux (liés aux luttes pour l’extension des droits des salariés, des femmes, des migrants, des LGTB, etc., ce qui se fait à la fois dans des dynamiques collectives et aussi dans des groupes spécifiques, ce qui n’est parfois pas sans contradiction sur le terrain) ? Il est à noter que l’enquête Mimiague souligne que la progression du mouvement abertzale semble la plus faible notamment dans des secteurs comme « les luttes sociales », « les luttes féministes », l’« amélioration de la condition des jeunes », même si des progrès semblent avoir été réalisés depuis 2012.

Autrement dit tout se passe comment, autour d’une réflexion sur le fait de ne pas se laisser prendre dans le jeu institutionnel (et au jeu),EH BAI entend mettre en cause et désarçonner ce système, comment mettre en même temps en avant d’autres modes de développement et d’implantation (dans l’entreprise, en milieu paysan, parmi la jeunesse, dans les luttes écologiques, etc.) ?
En définitive l’action et la réflexion sur l’ancrage d’EH BAI dans la société en Iparralde méritent de la même manière d’être examinés à l’aune de l’élection municipale et de l’engagement dans l’institution qui peut en advenir. EH BAI devra sans aucun doute participer à la définition d’identités à base territoriale et à l’administration qu’elle suppose, être attentif aux formes communautaires de la vie locale, prendre en charge des intérêts sociaux dans les futures réalisations municipales, car il est évident que la capacité mobilisatrice tient pour partie à la force et à la densité des relations sociales (familiales, associatives, idéologiques, etc.)tissées au niveau de ses municipalités. Mais, dans l’histoire, les moins soupçonnables de clientélisme ont sombré, à gauche et à droite, dans des pratiques de notables happés par des contraintes nouvelles, une fois qu’ils ont occupé leur siège.

Avoir confiance dans les élus présents et futurs d’EH BAI et faciliter leur appartenance à l‘organisation, c’estinclure la vie électorale dans le projet global du parti, avec ses objectifs, sa stratégie à moyen et long terme, ses alliés (et sur ce thème des tensions sont prévisibles entre élus, entre élus et groupes EH BAI, tant parfois les liens personnels, les affects, une conception très élastique de l’abertzalisme viennent brouiller le message politique), les étapes de son action, sa capacité à saisir les opportunités. Et à cet égard EH BAI doit se dégager des gangues des modèles du passé, éviter pour le futur l’à peu-près etl’incertitude, avec comme objectif, celui de se forger un avenir plus ouvert en n’oubliant pas les questions qui peuvent faire l’objet de controverses.

Conclusion en forme interpellante et propositionnelle

Sur le contenu de la société alternative que propose EH BAI, il existe donc bien des blancs, des hésitations, des manques. Un projet c’est bien, mais encore faut-il une stratégie, une vision des processus des nouveaux pouvoirs à construire dans une phase de transition, définir des adversaires et des alliés (à moins qu’EH BAI pense se suffire à lui-même, car l’alliance prioritaire à rechercher avec EELV signalée dans le rapport de Mimiague n’est plus pertinent compte-tenu de l’état de déliquescence de cette organisation), configurer des phases dans l’action, évaluer les rapports de force, faire des propositions en tant que parti répondant aux attentes du Peuple Basque en Iparralde.L’utilisation ici et là des termes « participation », « démocratie directe », refus de la « société néo-libérale »dispenserait-elle d’une réponse à des questions d’une importance stratégique considérable : le socialisme est-il à jeter aux oubliettes sous prétexte que d’autres acteurs l’ont défiguré (à l’image de tous ceux qui réinventent l’eau chaude avec les couplets sur les « biens communs », refusant l’héritage de ce qui s’appelle le « communisme » d’un certain Karl Marx, sous prétexte que Staline est passé par là ) ? Il faut rappeler ici que dans l’enquête de François Mimiague le 1er objectif mis en avant est une société socialiste (« La construction d’une société socialiste est l’objectif historique de la gauche abertzale », alors que l’idée d’un « Pays Basque indépendant » renvoie au mouvement abertzale en général), avec près de 86% en accord total et plutôt d’accord, contre 78% pour mettre l’indépendance comme objectif premier. Les deux sont donc considérés comme indispensablement liés. L’enquête Mimiague indique : « L’adhésion aux deux objectifs est élevée… L’adhésion la plus importante est en faveur de la construction d’une société socialiste ». Le socialisme serait-il un héritage désormais tabou, à l’image de la nouvelle charte politique d’Enbata qui dans sa première version fit retirer cette phrase : « Quand nous aurons fait notre libération nationale, la lutte des classes se réglera chez nous par le socialisme ». Et les auteurs de l’ouvrage Enbata font ce commentaire : « Le virage socialiste va donc sans dire, mais il ne va visiblement pas mieux en le disant… ».

Peut-on parler d’ »autogestion » sans préciser dans quel type de société elle est incluse, quels secteurs de la production des biens et des services sont concernés, rassemblant (mais comment dans le processus de prise de décision ?) producteurs, consommateurs, utilisateurs, habitants, etc. ? Peut-on être pour le droit à l’autodétermination d’un peuple sans être pour celui du droit des collectivités humaines en général à décider par elles-mêmes de leurs propres devenir en négociation avec toutes les autres composantes de la communauté ? Pourquoi aucune allusion aux formes ou au devenir du marché et à l’existencedu salariat symbole de l’exploitation capitaliste, alors que dans l’enquête précitée 81% sont contre la « marchandisation des ressources vitales » dont, rappelons-le, font partie l’air et en particulier l’oxygène issu de la photosynthèse, l’eau potable et tout ce que nous mangeons, une grande partie des sources d’énergie (fossiles et biomasse), des médicaments, des fibres textiles ou papetières? Le net renforcement d’un appareil politique est-il la réponse adaptée et substitutive d’une pensée qui fait très largement défaut, au risque de devenir à son tour broyé dans le système en devenant un ersatz de social-démocratie, ou bien n’est-ce pas en définitive un simple moyen ou instrument au service d’une politiquede transformation sociale ? Est-ce au moment où EH BAI s’implique totalement dans la conquête d’institutions ou tout au moins dans leur occupation partielle qu’il faut foncer dans le brouillard sans réel guide ? Comme le disait Montaigne : « Nul bon vent à qui n’a point de port destiné ».

En définitive, une colonne vertébrale qui tienne le corps politique qu’est EH BAI, voilà l’enjeu essentiel. Et c’est ici que la cohérence entre projet politique et action électorale prend tout son sens dans une institution qui fait partie du centralisme dominant et à cet égard ne peut être considérée comme neutre dans les rapports de forces à l’échelle de la société tout entière. Pour tenter de résoudre cette contradiction y-aurait-il une autre voie que celle qui consiste à mettre en chantier cette tension nécessaire entre mouvement sociaux, culturels et politiques qui animent un peuple et occupation provisoire des institutions démocratiques du colonisateur dont il va falloir changer radicalement le fonctionnement, le système de représentation que ce mode de décision implique, bref envisager la mise en cause de la légitimité de ce système de gouvernance répétitif dans les inégalités et les injustices qu’il proroge à l’infini àtravers l’absence d’une réelle démocratie délibérative ? Pourquoi ne pas envisager la constitution de collectifs de base dans les quartiers et villages, usines et services, jusqu’à la mise en place d’une Assemblée Basque qui aurait une assise de masse du type de celle de la Catalogne sud ? Il semble évident que les avancées électorales sont liées aux mobilisations populaires dans ce pays,d’abord par l’Associació de Municipis per la Independència (AMI) (Association de communes pour l’indépendance)créée en 2011 : c’est une organisation qui regroupe les collectivités locales qui souhaitent défendre les droits nationaux de la Catalogne et qui a pour objectif de promouvoir l’exercice du droit à l’autodétermination. Mais aussi et surtout par l’Assemblée nationale de Catalogne et ses près de 100.000 adhérents dans plusieurs centaines d’assemblées territoriales, par l’Omniumcultural regroupant toutes les forces relevant de la promotion de la langue et de la culture catalane, par les Comités de Défense de la République avec près de 300 regroupements unitaires des indépendantistes par quartiers et villages.

Certes, et le peuple basque en Iparralde (et bien sûr en Hegoalde) aura sûrement de l’imagination en la matière (mais même la notion de Peuple Basque est elle-même, je le répète, sujette à interpellation : à mes yeux, fait partie d’un peuple quel qu’il soit celui qui se considère faire partie du peuple de ce pays ; mais ceci n’exclue pas qu’il y ait bien sûr des « contradictions au sein du peuple », par exemple entre ceux qui considèrent légitimes de bénéficier des mannes du tourisme et ceux qui considèrent que c’est un effet de la colonisationd’un pays capitaliste sur un pays dominé, dans le cadre de la concurrence capitaliste mondiale dans ce secteur économique. Et peut-être qu’en fouillant un peu on trouverait à l’intérieur d’EH BAI, à propos des droits des salariés ou de la gratuité des services, des positions antagonistes), de la revendication des services publics gratuits et financés par l’impôt à réhabiliter pour les plus aisés jusqu’à l’introduction de modalités obligeant les élus à tenir compte des besoins et des désirs des citoyens et citoyennes vers un contrôle populaire. Encore faut-il le vouloir.

Je vous remercie.

Bibliographie :

Document de recherche

  • Mimiague François et Thomas Pierre : « Enquête : le projet abertzale de gauche en Iparralde », rapport de 40 pages pour EH BAI, mars 2012.

Ouvrages :

  • Etcheverry-Ainchart Jon et Peio, Le mouvement Enbata. À la source de l’abertzalisme du nord. Coll. Histoire, Elbar, Bayonne, 2013.
  • Gillet Jean-Claude, Le combat nationalitaire de la fédération corse du Parti Socialiste Unifié (1960 – 1990), Éditions Alain Piazzola, Ajaccio, 2013.
  • Gillet Jean-Claude, Le parti socialiste unifié, une étoile filante dans l’univers politique de la Catalogne du Nord (1960-1990), Éditions Trabucaire, Perpignan, 2014.
  • Rousseau Jean-Jacques, Du contrat socialou Principes du droit politique, Paris: Union Générale d’Éditions, 1963, collection : le Monde en 10-18.

Articles de revues

  • Badiou Alain, « L’hypothèse communiste », Politis, n° 1058, 25 juin 2009.
  • Blanquart Paul, « La ville est le dessein d’un dessin », Territoires, n°489, juin 2008.
  • Dormois Jean-Pierre, « « Socialisme municipal » contre « socialisme d’État ». Ressorts et effets du développement de la fonction publique en France et en Grande-Bretagne avant 1914 », Histoire économie et société, n°25, p.127-156, janvier 2006.
  • Lefebvre Rémi, « Le socialisme français soluble dans l’institution municipale ? Forme partisane et emprise institutionnelle. L’exemple de Roubaix (1892-1983) », Revue française de science politique, n°54, février 2004.
  • Rancière Jacques, « Repenser l’émancipation », Entretien, Sciences humaines, n°198, novembre 2008.

Articles de presse

  • Duhamel Alain, « Unité, union, intégration », Libération, 21 janvier 2015.
  • Mailharin Pierre,« La gauche abertzale enquête sur elle-même », Le journal du Pays Basque, 20/10/2011.
  • Mailharin Pierre, « Sortu, officiellement né au Pays Basque Nord », Le journal du Pays Basque, 11/04/2013.
  • Miquelestorena Isabelle, « EH Bai se réjouit d’être la première force de gauche au Pays Basque », Mediabask, 15 juin 2017.

Articles de la presse militante

  • « La résolution du conflit au Pays Basque, pas à pas ! », Jakilea, le témoin, bulletin du Comité pour la Défense des Droits de l’Homme en Pays Basque (CDDHPB), p.1, n°127, juin 2018.
  • « Hommage à Jean Arthuys », Jakilea, le témoin, le bulletin du CDDHPB, p.5à 9, n°38, mars 1996.
  • BortayrouJakes, « EuskalHerria Bai pour quoi faire ? » Enbata, 15/1/2015.
  • Etcheverry-AinchartPeio, « 2015, année EuskalHerria Bai »,Enbata, 15/01/2015.
  • Simeoni Gilles, « Femu a Corsica. L’appel pressant de Gilles Simeoni »,Arriti, n°2567, du 28 juin au 4 juillet 2018.
  • Simeoni Max, « Sortons de notre mélasse de factions autonomistes », Arriti, n°2561, du 17 au 23 mai, 2018.

Sites et blogs

  • Sortu (http://sortu.eus/fr/), Enbata(http://www.enbata.info), Mediabask (https://mediabask.naiz.eus/fr),Eusko Alkartasuna (http://www.euskoalkartasuna.eus/es/), EH BAI (http://www.ehbai.eus/), ou bien (https://twitter.com/ehbai), ou bien encore (https://fr-fr.facebook.com/EhBai/), blog de AbertzaleenBatasuna (http://abertzaleen-batasuna.over-blog.com/).

Documents personnels issus d’EHBAI ou de ses composantes.